Credo de l’homme que je suis,

Credo de l’homme que je suis, là où j’en suis

par Georges SAUVAGE

Je crois, humblement, mais sur un mode poignant, à l’être humain

fruit improbable des milliards d’années de l’évolution du cosmos,

du monde de la matière, de la vie, de la nature ;

corps et âme, et – perfectionnement suprême, inouï – esprit ;

tragiquement inachevé, en plein devenir, en constante et imprévisible évolution.

Je crois en l’être humain tel que je le pressens en moi et dans les autres.

Je crois d’abord en l’être humain que je suis,

MALEL Tapisserie

infime et éphémère, perdu dans cette immense histoire,

fragile et précaire, ambigu, complexe à ne pas le croire !

embrigadé, conditionné de mille façons, menacé de mille dangers,

moi-même dangereux quand je dérive au lieu de m’accomplir.

Cocktail singulier, original, unique, de potentialités enfouies, imprévisibles,

qui vont se déployer au fur et à mesure des situations, des événements,

et surtout des rencontres, des multiples convivialités,

informelles ou organiques, harmonieuses ou conflictuelles.

Singulier, mais aussi mystérieux, tant pour moi-même que pour les autres,

Indéfinissable, inclassable, rebelle à toute nomenclature.

Relié en mon être même, corps, âme, esprit, inséparablement ;

à mes environnements naturels, proches et lointains, restreints et immenses ;

aux autres êtres humains, visiblement et – tellement plus – invisiblement.

Je crois en l’être humain qu’est l’autre, comme je crois en moi ;

d’abord en ce qu’il est en lui-même, singulier et mystérieux.

Je crois que je peux être pour lui, comme il peut être pour moi,

ferment d’humanité, facteur d’accomplissement humain,

mais aussi empêcheur, aliénateur, mystificateur.

Je crois en ce que je dois aux autres, ancêtres ou contemporains ;

Seul, je peux déjà beaucoup ; avec les autres, tout est multiplié.

Je crois plus vitalement en certains êtres humains,

en raison d’affinités, de correspondances, d’appels et d’invitations

dont leur vie et leur mentalité sont porteurs pour moi.

D’emblée, pour moi, Jésus est en tête de liste :

sa profondeur, sa justesse, son authenticité, sa simplicité ;

son assurance, son courage, son intrépidité ;

son attention à l’être humain, ses prises de position pour les exclus ;

sa façon de parler de « Dieu » et de vivre en symbiose avec lui ;

tout cela fait de Jésus quelqu’un qui compte pour moi exceptionnellement.

Je crois dans la société humaine,

en sa fragilité, ses insuffisances, ses abus et ses injustices odieuses,

ensemble de compromis institutionnalisés, barbarie cynique de l’ordre établi,

en sa perfectibilité qui m’invite à m’y investir,

en l’héritage fabuleux qu’elle a transmis à ma génération :

aménagement de la planète, élaboration des civilisations ;

transmission des connaissances, des inventions, des savoir-faire ;

gestion des intérêts contradictoires prometteurs d’un chaos monstrueux ;

Je crois en l’éveil possible des humains, en notre conscientisation progressive.

Je crois en une Réalité ultime, immanente et transcendante :

le Divin, « Dieu », inconnaissable, inexprimable ;

accessible par intermittences, quand cela m’est comme « donné ».

Je suis attentif et sensible aux messages et aux témoignages de tous bords ;

sensible à la beauté et à la cruauté de la vie humaine.

J’écarquille mes yeux, mes oreilles, mais surtout, je l’espère, mon cœur ;

je cherche à laisser se déployer tout mon être, corps, âme et esprit,

vers son accomplissement, au bénéfice de beaucoup d’autres.

Georges Sauvage, 25 juillet – 20 août 1996.

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